CLAUDE THÉBERGE ESCURIE D’ART
Jacqueline Beaudry Dion et Jean-Pierre Dion
26 février 2025
Si les grandes murales d’art public de Claude Théberge (1934-2008) sont bien documentées, son atelier montréalais des premières heures, l’escurie d’art, est peu connu et sa production de l’époque rarement illustrée. Notre murale en céramique ci-dessous, signée l’escurie d’art, nous questionne sur la formation et la production de Claude Théberge et de son compagnon Marcel Gendreau en cette période. Voici quelques informations supplémentaires glanées dans les journaux d’époque.
Céramique murale de 62 x 15 cm, composée de 4 carreaux, sur panneau de noyer. Le Devoir du 2 mars 1959, p. 10, cite Marcel Gendreau qui décrit la production des céramiques murales à l’Escurie d’art : une esquisse du sujet est d’abord faite, puis le dessin est tracé sur des tuiles (carreaux) de terre cuite et la glaçure est posée. La glaçure est composée d’oxydes produisant différentes réactions à la chaleur. Les tuiles déposées sur des plaques de carborandum sont mises au four à 1850 degrés pendant 5 à 6 heures.
Ce personnage à la flûte s’est retrouvé au comptoir de la centrale d’artisanat à Québec, tel qu’illustré dans la publication du gouvernement du Québec Vocation artisanale du Québec / Quebec creates…1963 (voir 3e de couverture)
Claude Théberge et Marcel Gendreau fondent en février 1959 un atelier nommé L’Escurie d’art. Du 26 février au 4 mars 1959, ils tiennent une exposition de peintures et de céramiques murales à l’Hôtel Reine-Élizabeth (Galerie IV).
René Chicoine commente positivement les peintures de Théberge, des abstractions, natures mortes, scènes urbaines ou marines, et celles de Gendreau, des abstractions ‘’ à la Bellefleur’’. (Le Devoir, 4 mars 1959, p. 11)
Les deux travaillent en collaboration depuis qu’ils se sont rencontrés à Paris, il y a quatre ans.Théberge avait étudié à Paris de 1954 à 1958, grâce à deux bourses du gouvernement de la province de Québec et du conseil de comté de Temiscouata. De retour au Québec dès 1958, il est professeur au centre d’art de Ste-Adèle.
Photo du journal Le Devoir 2 mars 1959, p, 10
Bientôt l’Escurie d’art va recevoir des élèves, comme le prévoyaient ses fondateurs. Marie Versailles est une de ces élèves, elle tiendra une exposition de sa production dans le hall d’entrée de la salle du Plateau à Montréal en fin 1960 (Le Devoir, 10 novembre 1960, p. 8).
Source : Le Devoir, 5 décembre 1959, p. 12.
Les artistes Gendreau et Théberge réalisent en fin 1960 une gigantesque murale de 100 pieds de long par 7 pieds de haut pour le nouveau pavillon du centre sportif Maisonneuve de Montréal (Le Devoir, 1 décembre 1960, p. 14).
Théberge tiendra une exposition de peintures remarquable à la Galerie Libre, rue Crescent, Montréal, en février 1961. Ses sujets sont des abstractions, formées de cubes et rectangles, aux couleurs éclatantes de rouge, ocre, orange beige et blanc, le tout s’agençant en un paysage architectural (The Gazette, 25 février 1961, p.10. Voir aussi Le Devoir, 13 février 1961, p.8).
Le Canadian Homes Magazine de septembre 1961 donne une liste des céramistes du Québec incluant L'escurie d'art au 1470 Préfontaine, Montréal.
L’appellation Escurie d’art est d’un court usage. Dès juin 1963, l’Atelier Claude Théberge est établi au 2137 rue Montcalm, Montréal.
Marcel Gendreau est partie prenante de cet Atelier. Le céramiste Paul Lajoie, qui a son atelier à Saint Ours, travaille également à l’Atelier. Les trois inaugurent en juin 1963 une exposition à l’Atelier de la rue Montcalm.
Annonce dans Le Devoir du 15 juin 1963, p. 71.
Claude Théberge réalise des murales en céramique, Marcel Gendreau peint et s’intéresse à la décoration de théâtre (il fera notamment la décoration à l’Égrégore pour la pièce de Gilles Derome Qui est Dupressin?). Paul Lajoie fait de la poterie. On est déjà conscient de la nécessité de collaborer avec les architectes et les décorateurs (Le Devoir, 7 juin 1963, p. 6).
La semaine suivante Le Devoir (12 juin 1963, p. 6) donne des éléments biographiques des trois exposants. Nous jugeons utile de reproduire ici l’entièreté de ce texte qui résume la carrière de chacun à ce jour.
Le lecteur trouvera des informations supplémentaires sur les murales d’art public de Théberge dans la publication gouvernementale ‘’Les œuvres d’art du ministère des Travaux publics et de l’Approvisionnement ou la politique du un pour cent’’, Québec, 1981. Le Dictionnaire des artistes de l’objet d’art au Québec https://artistesduquebec.ca/ apporte d’autres références utiles sur Claude Théberge, Paul Lajoie et Marcel Gendreau.
Nous invitons en terminant les collectionneurs qui possèdent des céramiques signées L’Escurie d’art à nous contacter pour enrichir cette brève note sur la contribution de Théberge en cette période.